La conduite et les troubles neurocognitifs

Un diagnostic de maladie d’Alzheimer ou de trouble neurocognitif signifie-t-il automatiquement qu’il faut arrêter de conduire? Découvrez comment gérer l’une des décisions les plus difficiles de la vie avec un trouble neurocognitif de stade léger.

Senior man at the wheel of his car.

Les renseignements ci-dessous sont également disponibles en format PDF imprimable. Téléchargez Conversations : La conduite automobile et les troubles neurocognitifs ou contactez votre Société Alzheimer régionale pour en obtenir un exemplaire.

Comprendre l’aptitude à conduire

Keith Barrett. Keith lives with young onset Alzheimer's disease.

« Une personne m’a immédiatement demandé : vous conduisez encore? » – Keith (photo), d’Ottawa (Ontario). Keith vit avec la maladie d’Alzheimer à début précoce.

La conduite d’un véhicule est une activité complexe qui fait appel à plusieurs aptitudes et compétences, dont les suivantes :

  • Rapidité de réaction
  • Attention divisée et capacité à faire plusieurs choses à la fois (ex. : porter attention aux feux de signalisation et aux piétons tout en gardant le pied sur le frein)
  • Bon jugement
  • Compréhension du Code de la route et capacité à s’en souvenir
  • Capacité à se rendre à destination
  • Bonne acuité auditive et visuelle

Conduire est synonyme de liberté, d’autonomie et de mobilité; c’est un privilège souvent considéré à tort comme un droit.

La plupart des personnes au stage léger peuvent continuer de conduire en toute sécurité, mais comme la maladie est progressive, il faut absolument rester à l’affût de tout changement dans les habitudes de conduite.

Comportements dangereux au volant provoqués par les troubles neurocognitifs

Pour les personnes qui conduisent depuis plusieurs années, la conduite semble presque une seconde nature. Cependant, à mesure que la maladie progresse, elle altère les aptitudes nécessaires à la conduite – notamment les capacités physiques, de concentration, de jugement, d’orientation et de perception.

Indépendamment de votre expérience et de vos compétences antérieures, la maladie vous rend plus susceptible aux éléments suivants :

  • Temps de réaction lent
  • Infractions au code la route
  • Temps de trajet anormalement long ou incapacité à arriver à destination
  • Conduite trop lente ou trop rapide
  • Non-respect de panneaux d’arrêt ou de feux rouges
  • Arrêts aux feux verts
  • Difficultés avec les changements de voie
  • Virages à gauche malgré la présence de véhicules en sens inverse ou de piéton·nes qui traversent

Ces comportements peuvent augmenter le risque de collision, de blessures graves et de décès pour toutes les personnes impliquées.

Quand faut-il arrêter de conduire?

Évaluer ses capacités

Lorsque la perte des capacités augmente le risque de collision, il est dangereux de continuer à conduire. Cessez dès que possible.

Comment savoir que le temps est venu? Il peut être difficile d’évaluer objectivement ses propres capacités.

  • Vous pourriez demander à une personne que vous connaissez et en qui vous avez confiance de vous donner une opinion sincère (ex. : partenaire, proche ou médecin de famille).
  • Certaines personnes préfèrent recevoir une évaluation objective d’un·e inconnu·e (voir la section « Mes aptitudes peuvent-elles être évaluées par un·e professionnel·le? » ci-dessous).
  • À la page 3 de notre brochure, Conversations : La conduite automobile et les troubles neurocognitifs, vous trouverez un questionnaire pour évaluer vos capacités à conduire. En demandant à une personne de confiance d’y répondre, vous aurez une meilleure idée de votre aptitude à la conduite. Il se pourrait que vous ne soyez pas d’accord avec les résultats; préparez-vous à cette éventualité.

Parler de l’arrêt de la conduite

La décision d’arrêter de conduire n’est jamais facile à prendre, et c’est un sujet délicat à aborder.

  • Après tout, vous perdez un privilège à cause de changements que vous ne pouvez freiner; il est tout à fait normal de ressentir de la colère, de la tristesse, de la frustration ou du désespoir.
  • Une tension pourrait s’installer avec vos proches (particulièrement la personne qui devra prendre soin de vous), qui risquent de remarquer les changements dans vos capacités avant vous et d’aborder la question en premier.
  • Toutefois, il se pourrait que vos proches hésitent à aborder le sujet, soit pour préserver votre indépendance ou pour éviter les conflits.

Perdre le privilège de la conduite est parfois difficile à vivre, mais un accident de la route peut l’être encore plus. Une collision pourrait entraîner un traumatisme, une incapacité lourde ou même un décès chez les personnes impliquées.

Stratégies pour gérer votre aptitude à conduire

Maintenir l’aptitude à conduire

La bonne nouvelle, c’est que tant que vos symptômes sont légers, vous pouvez prendre des mesures qui vous aideront à conduire de façon autonome et sécuritaire aussi longtemps que possible :

  • Adoptez une routine stable. Empruntez le même trajet d’un endroit à l’autre. Déterminez les moments où vous avez le plus besoin de la voiture (ex. : rendez-vous médicaux, courses, activités sociales) et ne l’utilisez pas plus que nécessaire. Y a-t-il des moments où vous pourriez vous faire conduire?
  • Conduisez régulièrement avec une personne qui évaluera vos capacités. Elle pourra remarquer des changements et des comportements dangereux dont vous n’avez pas conscience.
  • Aidez-vous de la technologie. Si vous conduisez seul·e, utilisez des technologies d’assistance comme le GPS.
  • Mais surtout, adoptez des habitudes de vie saines; c’est un moyen démontré de ralentir la progression de la maladie. Faire travailler votre cerveau, manger sainement, faire de l’activité physique et entretenir vos liens sociaux vous aidera à rester au stade léger le plus longtemps possible.

Passer à un mode de vie sans voiture

Voici quelques conseils pour vous préparer au jour où vous devrez arrêter de conduire :

  • Envisagez d’autres options, comme les transports en commun, les taxis, les services de transport communautaires offerts par des organismes et l’aide de la famille et des amis.
  • Utilisez ces options de rechange dès maintenant, pour vous y habituer et faciliter la transition. En modifiant vos habitudes dès aujourd’hui, il vous sera peut-être moins difficile d’arrêter de conduire quand le temps sera venu.
  • Renseignez-vous sur les entreprises de livraison à domicile, par exemple pour les produits de pharmacie et d’épicerie.

Autres questions sur le sujet

Quel effet aura mon diagnostic sur mon assurance automobile?

Un diagnostic de trouble neurocognitif n’entraîne pas une suspension automatique de l’assurance automobile.

Avec votre médecin, évaluez la progression de la maladie et ses effets sur votre aptitude à conduire. Envisagez de transmettre les commentaires de votre médecin à votre assureur, qui pourra déterminer la couverture la mieux adaptée à votre situation. Ne pas divulguer un diagnostic pourrait affecter votre police d’assurance.

Mes aptitudes peuvent-elles être évaluées par un·e professionnel·le?

Si vous doutez de vos capacités à conduire, renseignez-vous sur les moyens de faire évaluer votre conduite. L’examen peut être effectué par un·e professionnel·le qualifié·e pour évaluer des personnes ayant des troubles de la cognition.

Si vous ne pouvez obtenir de rendez-vous, demandez conseil à un·e médecin (traitant·e ou spécialiste) qui déterminera si vous êtes en mesure de conduire et vous mettra en relation avec les services de soutien et les ressources disponibles.

Les prestataires de soins pourraient poser des questions (à vous ou à un·e proche) sur les sujets suivants :

  • Habitudes de conduite (quand et où vous conduisez le plus)
  • Signes de diminution de la capacité à conduire
  • Conduite imprudente ou anormale
  • Contraventions (conduite trop lente ou trop rapide, virages interdits, non-respect des arrêts)
  • Collisions, accrochages et accidents évités de justesse
  • Difficultés d’orientation
  • Niveau de confiance (de vos proches et de vous-même) en vos capacités

Ma ou mon médecin peut-elle ou il m’empêcher de conduire?

Il n’incombe pas aux médecins de déterminer si vous êtes apte à conduire. Leur tâche est de transmettre leur opinion médicale au ministère des Transports, qui prendra une décision.

Les médecins ont l’obligation légale (dans la plupart des provinces) et déontologique de signaler les problèmes médicaux posant un risque grave pour la sécurité routière. Leur responsabilité peut aussi être engagée si un·e de leurs patient·es ayant un trouble cognitif se retrouve impliqué·e dans un accident de la route et que leur état de santé n’a pas été déclaré aux autorités provinciales compétentes.

Autres liens et ressources utiles

Conversations : La conduite automobile et les troubles neurocognitifs. Société Alzheimer du Canada. Cette fiche d’information explique comment les troubles neurocognitifs peuvent affecter les capacités de conduite et donne des stratégies pour aider les personnes touchées, les aidant·es et les prestataires de soins à discuter de l’arrêt de la conduite. En anglais seulement.

Dementia and Driving. Alzheimer’s Association. Cette page Web, offerte par un organisme américain sur les troubles neurocognitifs, propose des scénarios réalistes pour aider les familles à entamer la discussion sur la conduite. En anglais seulement. 

Driving and Dementia RoadmapConsortium canadien en neurodégénérescence associée au vieillissement (CCNV), équipe no 16. Cette ressource pour les personnes vivant avec un trouble neurocognitif, les aidant·es et les prestataires de soins aide à comprendre les répercussions des troubles neurocognitifs sur la conduite automobile, à déterminer le moment où la conduite devient dangereuse et à passer à un mode de vie sans voiture. En anglais seulement. 

Driving and Dementia. brainXchange, 2015. Ce webinaire explique les conséquences des troubles neurocognitifs sur la capacité à conduire et aborde l’évaluation de l’aptitude à la conduite. Offert par brainXchange en partenariat avec la Société Alzheimer du Canada et le Consortium canadien en neurodégénérescence associée au vieillissement (CCNV). En anglais seulement. 

Driving and Dementia. Société Alzheimer de la Colombie-Britannique, 2020. Cette vidéo de 25 minutes explique comment les troubles neurocognitifs affectent la conduite et propose des stratégies pour faciliter la transition vers une vie sans voiture. En anglais seulement. 

Driving and Dementia: Safety & Loss of Independence. Société Alzheimer de la Colombie-Britannique, 2018. Ce document présente des renseignements destinés aux résident·es de la Colombie-Britannique. En anglais seulement. 

Living Safely: “A By Us For Us” guide. Schlegel-UW Research Institute for Aging. Ce guide offre de nombreux conseils et stratégies de sécurité sur la conduite automobile, la vie à la maison, les sorties, l’identification personnelle, l’utilisation de la technologie, la santé, les médicaments, la sécurité physique et la sécurité financière. En anglais seulement.

Safety When Out And About: “A By Us For Us” guide. Schlegel-UW Research Institute for Aging, la Société Alzheimer de l’Ontario et Trouvez votre cheminMD. Ce guide propose des conseils et des stratégies pour rester en sécurité dans la collectivité. En anglais seulement.

Dernière mise à jour : 26 juillet 2024

 

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