Quelques faits sur la génétique, le dépistage et les troubles neurocognitifs à début précoce
Certaines formes de troubles neurocognitifs à début précoce ont des liens génétiques évidents. D’autres non. Voici quelques informations sur certains de ces liens les plus importants et sur les options qui s’offrent à vous en matière de dépistage.
Ces dernières années, les chercheurs ont fait des progrès dans l’identification de certains des gènes associés aux troubles neurocognitifs à début précoce.
Parallèlement, de plus en plus de personnes souhaitent connaître leur risque génétique d’en développer un.
Voici les principaux faits à connaître si vous commencez à vous renseigner sur les aspects génétiques des troubles neurocognitifs à début précoce.
Cet article comprend également quelques conseils sur le processus visant à subir un dépistage génétique pour les troubles neurocognitifs à début précoce au Canada.
Certaines formes de troubles neurocognitifs à début précoce ont des liens génétiques évidents; d’autres non.
« Troubles neurocognitifs à début précoce » est un terme qui recouvre des dizaines de maladies et d’affections différentes.
Certaines mutations génétiques sont dominantes et ont une pénétrance élevée, ce qui signifie qu’elles provoqueront des maladies avec un degré élevé de certitude.
D’autres mutations génétiques pourraient augmenter le risque de développer des troubles neurocognitifs à début précoce, mais ce n’est pas une certitude.
Enfin, d’autres types de troubles neurocognitifs à début précoce ne présentent pas de lien génétique évident.
Si vous voulez en savoir plus sur certaines des recherches sur la génétique et les troubles neurocognitifs à début précoce, consultez la liste établie par Young Onset Dementia UK.
En vertu de la loi canadienne, vous n’avez pas à divulguer les résultats de vos tests génétiques à votre employeur ou votre compagnie d’assurance, ou n’importe qui d’autre.
Le 4 mai 2017, la Loi sur la non-discrimination génétique est entrée en vigueur au Canada.
Cette loi interdit à quiconque d’exiger qu’une personne subisse un dépistage génétique ou de divulguer les résultats de tests existants.
Essentiellement, presque personne n’est autorisé à recueillir, utiliser ou divulguer les résultats de vos tests génétiques sans votre consentement écrit. Et même s’ils sont recueillis, les personnes qui les recueillent ne sont pas autorisées à vous discriminer en raison de vos résultats.
Vous avez également le droit de subir un dépistage génétique sans avoir à consentir à d’autres divulgations qui ne sont pas directement liées à la prestation du service que vous souhaitez.
(Le principal « service » pour lequel vous pourriez avoir besoin de divulguer vos résultats serait celui lié à un traitement médical spécifique ou à des thérapies médicamenteuses, des essais et des soins connexes.)
Deux des principaux troubles neurocognitifs à début précoce qui ont une relation génétique évidente sont le syndrome de Down et la maladie de Huntington.
Le syndrome de Down se présente lorsqu’une personne naît avec une copie supplémentaire du chromosome 21. Ce chromosome porte le gène de la protéine précurseur de l’amyloïde et il aide à créer certaines substances associées à la maladie d’Alzheimer dans le cerveau.
Selon le World Alzheimer Report 2021, « pratiquement tous les adultes atteints du syndrome de Down développent les caractéristiques de la pathologie de la maladie d’Alzheimer à l’âge de 40 ans, et le risque de trouble neurocognitif à vie est estimé à bien plus de 90 %. » Pour plus d’informations sur le sujet, lisez notre fiche d’information sur le syndrome de Down.
La maladie de Huntington est un trouble cérébral causé par une mutation du gène HTT, qui se trouve sur le chromosome 4.
Selon la Société Huntington du Canada, « les symptômes apparaissent généralement entre 35 et 55 ans, mais la maladie peut aussi survenir chez les jeunes (moins de 20 ans — on parle alors de la forme juvénile de la maladie de Huntington) ou les adultes plus âgés (maladie de Huntington à début tardif). »
La maladie de Huntington est fortement héréditaire. Si un parent a cette maladie, alors son enfant biologique a 50 % de chances de porter également la mutation du gène HTT et donc de la développer également. Plus d’informations sur les troubles neurocognitifs qui peuvent accompagner la maladie de Huntington sont disponibles dans notre fiche d’information consacrée à la maladie de Huntington.
Dans certaines dégénérescences fronto-temporales à début précoce, plusieurs gènes ont été identifiés.
De forts liens génétiques ont également été identifiés pour certains types de dégénérescences fronto-temporale (DFT). Environ 40 % des personnes qui développent une DFT ont des antécédents familiaux de la maladie.
La C9orf72 est la mutation génétique la plus courante de la DFT héréditaire. La mutation GRN de la progranuline et la mutation tau de la protéine associée aux microtubules MAPT sont également importantes dans la DFT héréditaire.
Selon certaines recherches, une personne qui hérite de la mutation GRN progranuline, par exemple, a 60 % de chance de développer une dégénérescence fronto-temporale à 60 ans.
Les chercheurs continuent d’examiner d’autres facteurs génétiques relatifs aux dégénérescences fronto-temporales.
Quelques mutations génétiques peuvent augmenter la probabilité de la maladie d’Alzheimer à début précoce.
La maladie d’Alzheimer à début précoce peut être causée par une mutation héréditaire de l’un des trois gènes suivants : protéine précurseur de l’amyloïde (APP) sur le chromosome 21; préséniline 1 (PSEN1) sur le chromosome 14; et préséniline 2 (PSEN2) sur le chromosome 1.
Pour le National Institute on Aging, « un enfant dont la mère ou le père biologique est porteur d’une mutation génétique pour l’un de ces trois gènes a 50/50 de chances d’hériter de cette mutation » pour la maladie d’Alzheimer précoce.
Comme dans de nombreux domaines de la recherche scientifique en cours, d’autres facteurs doivent également être pris en compte : en 2017, la revue Frontiers in Molecular Neuroscience a publié des recherches indiquant que « les mutations de la PSEN1 représentent environ 80 % des cas de maladie d’Alzheimer familiale à début précoce, et celles de la PSEN2 représentent environ 5 %. »
Il n’en demeure pas moins que l’ensemble de ces mutations génétiques ne sont responsables que d’une partie des cas de maladie d’Alzheimer à début précoce. Les recherches se poursuivent pour déterminer si d’autres facteurs génétiques existent, ainsi que d’autres causes.
Plus de découvertes sont faites concernant les liens génétiques et les troubles neurocognitifs de manière générale. En avril 2022, une étude internationale publiée dans Nature Genetics a révélé 42 nouvelles voies génétiques liées à la maladie d’Alzheimer. Cette découverte a plus que doublé le nombre de gènes connus pour être associés à la maladie d’Alzheimer.
Aussi, si le dépistage génétique vous intéresse, il vaut mieux consulter un conseiller en génétique.
Avant cela, il est important de savoir exactement quels sont les types de troubles neurocognitifs à début précoce qui pourraient courir dans votre famille biologique.
Il est également important de comprendre quel rôle, le cas échéant, les gènes jouent dans ce type particulier de trouble neurocognitif à début précoce.
Enfin, il est important d’avoir accès aux dernières découvertes dans le domaine des sciences génétiques.
La bonne nouvelle, c’est que vous n’avez pas à comprendre tout cela par vous-même!
Un conseiller en génétique est un professionnel de la santé qui peut vous aider à connaître ces éléments importants.
Les conseillers en génétique sont également très au courant des dernières recherches et des options pratiques en matière de dépistage, ainsi que des découvertes dans le domaine des sciences génétiques.
Finalement, ils aident aussi les gens à déterminer s’ils sont prêts à subir un dépistage génétique. Ils examinent les avantages et les inconvénients de la découverte d’un résultat génétique et vous aident à évaluer votre besoin de savoir.
Le counseling en génétique est habituellement gratuit dans le cadre du système de santé du Canada; il vous suffit de demander à votre médecin de vous aiguiller.
Puisque le conseil en génétique fait partie de notre système de santé national, il est généralement offert sans frais supplémentaires, à moins que vous ne passiez par une clinique privée.
Pour être orienté gratuitement, il vous suffit de demander à votre médecin ou infirmier praticien de vous orienter vers un conseiller en génétique.
Vous pouvez également trouver une clinique de génétique près de chez vous en utilisant l’index sur the site Web de l’Association canadienne des conseillers en génétique.
Cette vidéo utile de l’Association canadienne des conseillers en génétique vous explique aussi succinctement ce que font les conseillers en génétique.
Du counseling gratuit en génétique et/ou un dépistage est parfois possible si vous participez à des études de recherche ou des essais de médicaments.
Des études de recherche et des essais cliniques sont actuellement en cours. Ils se concentrent sur les troubles neurocognitifs à début précoce ayant un lien génétique, ou se penchent sur les troubles neurocognitifs à début précoce héréditaires.
Toutes ces études et essais ont besoin de participants pour aller de l’avant. Parfois, ils recherchent des participants porteurs d’un gène spécifique qui ne présentent pas encore de symptômes. D’où leurs offres de tests génétiques gratuits.
Par conséquent, certaines personnes au Canada peuvent, de temps à autre, recevoir des conseils en génétique et/ou subir un dépistage en demandant simplement à participer à une étude de recherche sur les troubles neurocognitifs à début précoce ou à un essai de médicament.
Naomi Mison, fondatrice de Discuss Dementia, à Kelowna a découvert que cette voie était le bon choix pour elle.
« Au départ, lorsque j’ai parlé de dépistage génétique à un médecin, on m’a dit “qu’à moins de chercher activement à avoir des enfants, je ne recommanderais pas de faire le dépistage”, se souvient Naomi. Pendant un moment, je n’ai pas poussé plus loin, parce que je ne ressentais pas le besoin de savoir. »
Mais au fil du temps, j’ai acquis de meilleures connaissances sur la recherche clinique. Je savais qu’en tant qu’enfant d’une personne ayant reçu un diagnostic de trouble neurocognitif à début précoce, j’avais une grande chance de développer la maladie, explique Naomi.
J’ai réalisé que je préférerais savoir à quoi j’étais confrontée plutôt que de ne pas le savoir, car on peut prendre des mesures préventives ou correctives, ou s’engager dans des essais connexes. Le savoir, c’est le pouvoir.
Lorsqu’un centre de recherche local a proposé des tests génétiques pour une étude à la recherche de participants, j’ai décidé de profiter de l’occasion, conclut Naomi : C’est un excellent moyen d’accéder au dépistage. »
Une liste des études de recherche axées sur les troubles neurocognitifs qui sont à la recherche de participants canadiens est disponible à alzheimer.ca/participeralarecherche.
Évitez les dépistages génétiques vendus dans le commerce.
Au Canada, il existe un nombre croissant d’options de tests génétiques destinés directement aux consommateurs, c’est-à-dire des tests comme 23andme et AncestryDNA.
Ces types de trousses ne sont pas de bonnes options pour dépister les troubles neurocognitifs à début précoce.
« Avec un test à domicile non supervisé, il y a une réelle possibilité de résultats erronés, ce qui pourrait entraîner des décisions mal informées concernant la santé », note l’Association Alzheimer.
Pouvoir comprendre les conséquences émotionnelles et personnelles du dépistage génétique est important.
Découvrir les résultats d’un dépistage génétique, quel qu’il soit, peut entraîner une variété d’émotions et avoir diverses conséquences.
Il est important de ne demander votre résultat génétique que lorsque vous vous sentez prêt à le faire.
Un conseiller en génétique peut vous aider dans cette démarche. Il en va de même pour les groupes de soutien et d’autres spécialistes, comme les neurologues.
Leah, qui a récemment obtenu ses résultats génétiques grâce à une étude de recherche, a commencé son cheminement avec les tests génétiques en prenant rendez-vous avec un conseiller en génétique il y a de nombreuses années. Elle voit les avantages à se faire accompagner par ce type de conseiller professionnel tout au long du processus.
« J’avais envie de connaître mes résultats tout de suite, explique Leah. Mais ensuite, le conseiller m’a laissé entrevoir une série d’implications sur mon état d’esprit et mon style de vie qui pourraient découler de la connaissance des résultats, compte tenu de certaines de mes conditions médicales préexistantes. Ils se sont aussi renseignés sur mes antécédents médicaux pour bien comprendre ces implications. »
Leah poursuit : « Bien que je me sois finalement sentie prête à connaître les résultats d’une participation à une étude de recherche 13 ans plus tard, sous la supervision d’un neurologue, ces premières étapes avec le conseiller en génétique ont été essentielles. Il était également très important pour moi de parler à mes autres médecins de mon envie de subir un dépistage — d’avoir du soutien dans la poursuite des tests, et aussi de savoir que des ressources étaient en place pour moi pour que je puisse traiter les résultats émotionnellement. »
Pour plus d’informations et de soutien contactez votre Société Alzheimer locale.
Votre Société Alzheimer locale peut vous aider à vous orienter vers les conseillers en génétique et les cliniques de dépistage génétique de votre région.
Le personnel de votre Société Alzheimer locale peut aussi vous diriger vers plus d’informations sur les troubles neurocognitifs à début précoce qui courent dans les familles. Ils peuvent enfin vous aider à vous mettre en contact avec des autres organismes et ressources de votre région qui pourraient vous être utiles.
Pour nous contacter, trouvez les coordonnées de votre société locale à alzheimer.ca/trouver. Ou appelez ou envoyez un courriel à notre bureau national au 1-855-705-4636 et à info@alzheimer.ca pour entrer rapidement en contact avec votre bureau régional.