La Fédération québécoise des Sociétés Alzheimer réagit à la suspension du permis de conduire pour les personnes atteintes d’un trouble neurocognitif 

Québec

permis de conduire

La Fédération a appris avec stupeur la décision arbitraire de la SAAQ de supprimer le processus actuel mis en place, pour maintenir ou suspendre le permis de conduite des personnes atteintes d’un trouble neurocognitif, en éliminant tout simplement la mention S-88 des permis de conduire. Cette mention permettait aux personnes ayant reçu un diagnostic de trouble neurocognitif de continuer à conduire sous certaines conditions jusqu’à la validation de leurs aptitudes à conduire, lors d’un test sur la route. 

La Fédération reconnaît sans équivoque la nécessité de maintenir et de préserver la sécurité routière de tous, et que le permis de conduire demeure un privilège et non pas un droit, mais cela ne doit pas se faire au détriment du maintien de l’autonomie des personnes atteintes d’un trouble neurocognitif.  

À cet effet, il est primordial de rappeler qu’un diagnostic de trouble neurocognitif léger ne stipule aucunement que la personne est inapte à conduire son véhicule. L’évolution vers la maladie d’Alzheimer peut prendre des années, de même que la perte d’autonomie, le déclin cognitif et le déclin fonctionnel, mais surtout, que ces éléments varient d’une personne à l’autre et requiert une évaluation clinique et médicale par des professionnels qualifiés. 

Alors que la Fédération multiplie ses efforts pour qu’un diagnostic soit posé de manière précoce, cette décision purement administrative va avoir pour effet de retarder l’obtention d’un diagnostic, par peur de perdre sa capacité à conduire. Alors que le déni, la peur et la colère accompagnent cette étape importante, mais néanmoins appréhendée, la SAAQ vient rajouter un frein considérable au diagnostic précoce.  

Par le fait même, cette décision occulte le jugement clinique des professionnels de la santé, qui sont les seuls habilités à évaluer les capacités cognitives et fonctionnelles d’une personne atteinte d’un trouble neurocognitif.  

Cette décision ne prend pas non plus en compte les conséquences encore plus néfastes que cela pourrait avoir pour les personnes qui demeurent dans les régions éloignées, plus rurales et moins bien desservies par des options de transports ou de mobilité adaptées, augmentant ainsi leur isolement social, avec une aggravation potentielle de leur condition médicale. 

La SAAQ a décidé de manière unilatérale de mettre en place cette mesure, sans qu’aucune consultation au préalable n’ait été menée avec les différentes parties prenantes (médecins/infirmièr(e)s ergothérapeutes, Société Alzheimer, éthiciens, juristes…), alors que d’autres solutions auraient pu être envisagées, pour notamment améliorer le formulaire actuel et ainsi ne pas laisser place à l’interprétation, miser davantage sur des campagnes de prévention, de sensibilisation et d’éducation pour envisager et planifier la cessation de conduire au moment opportun, et de manière sécuritaire.  Une évaluation initiale de la capacité de conduire, dès le diagnostic de trouble neurocognitif, avec un suivi à des périodes prédéfinies, et la mise en place de restrictions viables et réalistes au besoin, pourrait aussi être envisagée et implantée.  

En dépit du maintien de l’option pour les personnes atteintes de contester la décision de suspension du permis de conduire, il va de soi que peu de personnes y auront recours.    

Ainsi la Fédération, dont la mission est de défendre le droit de personnes vivant avec la maladie, demande que d’autres options soient envisagées telles qu’une évaluation initiale de la capacité de conduire, dès le diagnostic de trouble neurocognitif, avec un suivi à des périodes prédéfinies, et la mise en place de restrictions viables et réalistes au besoin.