Un coup de main avant qu'il ne soit trop tard
Sylvie Grenier, directrice générale de la Fédération québécoise des Sociétés Alzheimer, et Loriane Estienne, directrice générale de Proche aidance Québec, ont publié une lettre d'opinion dans La Presse, suite à un drame humain récent, pour rappeler l'urgence de soutenir les proches aidants.
Le bouleversant drame humain qui se déroule sous nos yeux en marge de l’accusation de meurtre au second degré d’un homme de 81 ans, dépourvu et désespéré face à la progression importante de la maladie de sa conjointe, nous amène à une douloureuse réflexion1.
Non seulement ce dénouement d’une tristesse infinie met en lumière la détresse, l’épuisement des personnes proches aidantes (PPA) et l’impact déterminant de ce rôle, mais il montre aussi les lacunes et les limites d’un système de santé mal outillé en matière de prévention et de soins pour les personnes vivant avec un trouble cognitif grave, de même que leur entourage.
Il y a toutefois une chose sur laquelle tous les intervenants du milieu communautaire s’entendent : il faut agir dès maintenant pour éviter que le tsunami à venir nous engouffre complètement et mène à d’autres tragédies.
Un travail de sensibilisation au rôle de PPA est nécessaire pour mieux les reconnaître et ainsi leur faciliter l’accès aux services.
Les chiffres sont effarants : d’ici 2050, on estime à plus de 360 000 le nombre de personnes au Québec qui auront développé un trouble cognitif – la maladie d’Alzheimer étant la plus répandue –, soit une augmentation de 145 % en l’espace de 30 ans.
Un travail de sensibilisation au rôle de PPA est nécessaire pour mieux les reconnaître et ainsi leur faciliter l’accès aux services.
Les chiffres sont effarants : d’ici 2050, on estime à plus de 360 000 le nombre de personnes au Québec qui auront développé un trouble cognitif – la maladie d’Alzheimer étant la plus répandue –, soit une augmentation de 145 % en l’espace de 30 ans.
Elles sont près de 1,5 million de personnes qui soutiennent de façon régulière un proche qui présente une incapacité. Elles sont un soutien essentiel au réseau de la santé, mais elles se dévouent trop souvent au détriment de leur propre santé physique et mentale. En raison du vieillissement accéléré de la population québécoise, la proportion de personnes proches aidantes de personnes aînées augmentera considérablement au cours des prochaines années.
Outre l’urgence d’entendre les cris d’alarme qui fusent de toutes parts et d’y remédier avec empressement, nous avons comme société une responsabilité partagée de veiller à ce que le système ne laisse échapper personne et que personne n’ait à se rendre au bout de ses forces pour accompagner un être cher dans la maladie ou au regard d’un handicap.
Des solutions
Car au milieu de ce marasme, il y a bel et bien une lueur d’espoir, puisque des solutions existent et elles se résument essentiellement à deux mots : collaboration et complémentarité. Le tout pour renforcer le soutien offert tant aux personnes aidées qu’aux personnes proches aidantes pour assurer un meilleur filet social.
Demandez à ceux et celles qui l’ont vécu : le soutien change tout. Et mieux accompagner, ça s’apprend.
Mais pour aider, ça prend toute une communauté, et c’est ainsi que l’accompagnement par des organismes communautaires qui détiennent l’expertise et la fine connaissance des diverses réalités de la proche aidance peut faire toute la différence.
Pour y arriver de manière efficace et favoriser un référencement des personnes proches aidantes vers des ressources répondant à leurs besoins, il faut travailler davantage ensemble à un meilleur arrimage des services, et ce, le plus tôt possible dans la trajectoire de la maladie et de la proche aidance.
Plus que jamais, en toute connaissance de cause, c’est là que se trouve notre devoir de mémoire collectif.
Lire la lettre d'opinion dans la Presse : https://www.lapresse.ca/dialogue/opinions/2024-11-19/proches-aidants/un-coup-de-main-avant-qu-il-ne-soit-trop-tard.php?sharing=true