Lettre ouverte : Trouble neurocognitifs, agir maintenant pour contrer la crise

Québec

Le Québec fait face à une crise imminente en matière de soins aux personnes vivant avec un trouble neurocognitif. C’est pourquoi La Fédération québécoise des Sociétés Alzheimer appelle nos institutions gouvernementales à passer à l’action pour faire face à la crise dès maintenant.  

labyrinthe dans un cerveau

Le Québec fait face à une crise imminente en matière de soins aux personnes vivant avec un trouble neurocognitif. Avec le vieillissement de la population, c’est 360 000 Québécois.e.s qui vivront avec un trouble neurocognitif d’ici 2050, soit une hausse de 145 % par rapport à 2020. Mais si le vieillissement de la population est inévitable, des mesures audacieuses permettraient de faire face à la crise. Ces mesures doivent être prises aujourd’hui. C’est pourquoi La Fédération québécoise des Sociétés Alzheimer appelle nos institutions gouvernementales à passer à l’action pour faire face à la crise dès maintenant.  

Le nouveau rapport de la Société Alzheimer du Canada, intitulé Les troubles neurocognitifs au Canada : quelles orientations pour le futur ? constitue la mise à jour la plus importante sur la prévalence des troubles neurocognitifs et leur croissance depuis 2010. Les conclusions du rapport sont sans équivoque : le Québec, comme le reste du Canada, fera face à de sérieuses difficultés pour soutenir les personnes vivant avec un trouble neurocognitif et les personnes proches aidantes au cours des trois prochaines décennies.  

En plus de l’impact majeur sur le système de santé qui est déjà saturé, cette prémisse laisse entrevoir un impact exponentiel sur les services en santé couplé à des répercussions majeures sur les proches aidants, qui seront de plus en plus nombreux. En effet, le Québec pourrait faire face à des défis économiques et sociaux majeurs si un nombre important de personnes, particulièrement des femmes, sont forcées de quitter le marché du travail pour s’occuper de membres de leur famille vivant avec un trouble neurocognitif. Un scénario inquiétant, auquel s’ajoute le contexte actuel de pénurie de main-d'œuvre.  

Retarder l’apparition des troubles neurocognitifs, le défi des prochaines années 

Le rapport montre clairement la voie à suivre pour faire face à la crise : agir sur les facteurs de risque et retarder l’apparition des troubles neurocognitifs. Les trois scénarios hypothétiques où l’apparition des troubles neurocognitifs chez les Québécois.e.s est retardée de 1, 5 ou 10 ans, démontrent unilatéralement l’importance de réduire les risques et l’impact positif majeur que cela entraîne. À lui seul, un retard de 1 an pourrait générer près de 114 000 cas de moins d’ici 2050 et avoir une incidence importante sur les taux provinciaux de troubles neurocognitifs. Et si l’apparition des troubles neurocognitifs pouvait être retardée de 10 ans, c’est plus de 900 000 cas pourraient être évités d’ici 2050. En plus d’alléger la pression sur le système de santé, cela réduirait le nombre de proches aidants et leur contribution, leur permettant de se consacrer à leur vie professionnelle et personnelle sans devoir porter la charge associée à la prestation des soins. 

Nous devons agir, maintenant 

Le gouvernement et l’ensemble de la population doivent être prêts à prendre des mesures pour réduire les facteurs de risque qui sont associés au développement de troubles neurocognitifs. À titre individuel, nous pouvons réduire ces risques, notamment en maintenant de saines habitudes de vie, en agissant sur notre santé et en ayant un niveau d’activités physiques et sociales élevé. Mais ces efforts ne prendront leur sens qu’avec des actions concrètes déployées à grande échelle et portées par nos institutions gouvernementales. En agissant dès maintenant, nos élus ont le pouvoir de changer la donne pour les années à venir.  

Il est important de le rappeler : les troubles neurocognitifs ne font pas partie du processus de vieillissement normal. La Stratégie nationale sur les troubles neurocognitifs du Canada est une première étape importante, mais les gouvernements, tous niveaux confondus, doivent s’allier à d’autres partenaires partout au pays pour, entre autres, reconnaître la maladie d’Alzheimer comme une maladie chronique et un enjeu de santé publique, mettre en place des campagnes de sensibilisation et de prévention sur les facteurs de risques, favoriser un diagnostic précoce, miser sur des activités sociales, cognitives et physiques adaptées aux personnes aînées et, enfin, pour financer davantage la recherche sur ces maladies.  

Il est urgent de prendre, dès maintenant, toutes les mesures possibles pour éviter que le Québec fonce dans un mur.